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Julio Le Parc

Julio Le Parc, 

agitateur d'effets visuels 



À 84 ans, l'artiste franco-argentin Julio Le Parc continue à jouer inlassablement sur les lumières, les effets d'optique, les mouvements pour créer «un trouble visuel» chez le spectateur. Paris lui offre sa première grande exposition monographique en France depuis quarante ans.

Précurseur de l'art cinétique et de l'art optique (Op art), Julio Le Parc, peintre et sculpteur, se méfie des étiquettes, «des classifications artificielles». «Je suis un artiste expérimental, toujours dans l'investigation. Je ne me sens pas enfermé dans un mouvement», explique-t-il à l'AFP


Cofondateur du GRAV (Groupe de recherche d'art visuel), actif entre 1960 et 1968, Le Parc privilégie «le rapport direct avec le public», «sans explications ni commentaires». «Si on commence à exiger des visiteurs des connaissances, cela le met dans une position d'infériorité».

Casquette sombre vissée sur le crâne, comme en portait son père, cheminot argentin, Le Parc reconnaît éprouver une «grande satisfaction» devant la réunion au Palais de Tokyo à Paris de plus de 80 de ses oeuvres, souvent de grande taille, sur 2000 m2, à découvrir du 27 février au 13 mai.

«Je n'ai jamais eu une exposition comme celle-là», dit-il en parcourant les salles où ses pièces lumineuses, parfois recréées à l'échelle imposante du lieu, émergent de la pénombre. Labyrinthes à pénétrer, formes en contorsion, miroirs en mouvement, mobiles. Poésie de la simplicité.

En 1972, le directeur du musée d'Art moderne de la Ville de Paris lui avait pourtant proposé une importante rétrospective. Mais les institutions étaient suspectes à l'époque pour les artistes engagés comme Le Parc. Le peintre avait demandé à un de ses fils de tirer à pile ou face devant témoins. Face, il faisait l'exposition. Pile, elle n'avait pas lieu. C'est ce qui s'est passé...

«Purgatoire»

Puis l'art optique a connu «un long purgatoire en France» et l'artiste, lauréat du Grand Prix de la Biennale de Venise en 1966, a fini par être oublié, souligne Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo.

«Il y a deux ans, en visitant une exposition à Washington, je me suis rendu compte que cet artiste n'avait pas été vu dans un grand musée français depuis quarante ans alors que les conservateurs étrangers le considèrent comme une grande figure de l'art français», dit-il.

Né à Mendoza en 1928, Julio Le Parc (dont le grand-père était breton) s'installe en 1958 à Paris. Formé aux Beaux-Arts de Buenos Aires, il reçoit une bourse française pour venir travailler à Paris. Il commence à créer avec des bouts de ficelle: carton, encre de Chine puis gouache.

Le Parc a continué par la suite à utiliser des matériaux très simples: lamelles de plastique, de métal, fil, bois et parfois un micromoteur parviennent à créer des effets puissants. «C'est techniquement minimal pour un effet maximal», relève la commissaire de l'exposition Doria de Beauvais.

Au sein du GRAV, qui réunit des artistes argentins mais aussi François Morellet et Yvaral, le fils de Victor Vasarely, il cherche à «démythifier l'art». Le groupe organise des expériences dans la rue pour voir comment les gens réagissent à leurs oeuvres. Ils cherchent à rendre le public actif.

Avec les événements de mai 1968, «nous avons eu la possibilité de nous exprimer contre les injustices». Le Parc joue les agitateurs artistiques, milite mais il se fait arrêter alors qu'il se trouve près des usines Renault en pleine ébullition. Il se fait expulser de France. «Le ministre de l'Intérieur se méfiait des étrangers», raconte-t-il.

Il revient peu après en France. Sous la gauche, dans les années 1980, il obtient la nationalité française. Il vit et travaille actuellement à Cachan, près de Paris, entouré de sa femme et aidé par ses fils.

«Le travail de Le Parc dépasse très largement l'art optique. C'est un art d'immersion qui a impressionné des artistes contemporains comme (le plasticien britannique d'origine indienne) Anish Kapoor et d'autres», relève M. de Loisy.

PASCALE MOLLARD-CHENEBENOIT
Agence France-Presse
Paris

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